Recevoir des groupes de l’étranger

Recevoir des groupes de l’étranger

Aller ailleurs c'est bien, mais accueillir... quel plaisir ! Caravane Théâtre voyage à l'étranger mais elle reçoit à son tour les troupes qu'elle a formées ou créées en France. C'est l'occasion de témoigner de sa propre culture sur une scène et devant un autre peuple. Avec le théâtre forum, le principe reste le même partout : faire intéragir le public, s'interroger sur des pratiques, des faits établis, des causes à défendre et un Monde à repenser, voire à transformer.

L'exemple de ces troupes étrangères en visite chez nous est un pari réussi sur le potentiel des pratiques du clown et du théâtre forum dans l'évolution des mentalités et de la position des "opprimés".

Entre autre, Caravane Théâtre a accueilli chez l'habitant et en spectacles des troupes du Brésil, de Roumanie et d'Inde.

 


Association JKSMS et la troupe Carvan de Jaïpur, Inde.

 

Depuis 1997, Caravane Théâtre organise chaque année des rencontres franco-indiennes de clowning et de théâtre de rue (théâtre forum) au Rajasthan, en partenariat avec Carvan et JKSMS.

A la demande de l'association indienne JKSMS, Caravane Théâtre a aidé à la création de la troupe Carvan et a formé ses comédiens au théâtre intéractif au cours de huit sessions de travail.

En 2002, Caravane Théâtre est heureuse de recevoir ses amis et confrères indiens, de faire connaître leurs activités et leurs spectacles, espérant ainsi aider cette jeune troupe à nouer en France de nouvelles solidarités et à créer des liens interculturels de qualité.

 

RENCONTRES-SPECTACLES animées par LA TROUPE INDIENNE CARVAN

Pour cette action, nous avons fait une recherche de fonds spécifiques et nous avons obtenu des soutiens.

Nous avons pris contact et rencontré diverses associations et acteurs de terrain.

Peu après son arrivée en France, la troupe indienne a rencontré plusieurs associations du quartier, dont Mosaïka et Cofrimi. La troupe, qui fait partie d’une ONG du Rajasthan travaillant avec les plus démunis, s’est intéressée à tout ce qui concerne l’action sociale et l’interculturalité (aide aux migrants, aux jeunes en difficulté, aux femmes...).

Les 3 rencontres-spectacles

Le 22 juin, Journée Rencontre Echange au Petit bois de Bellefontaine

Médecins du Monde, Carvan et Caravane Théâtre ont participé à cette Fête de quartier inter-associative organisée par Quartier 31. Environ 25 associations étaient représentées sur le site.

Les comédiens indiens ont fait une parade clown en fin de matinée, allant de stand en stand et suivis d’une cohorte d’enfants et d’adultes heureux de chanter de danser et « d’humoriser » avec eux.

Sous une chaleur torride, l’après-midi, le spectacle de Théâtre-Forum interactif de Carvan a rassemblé plus de 300 personnes. C’est d’abord l’attrait des chants, des danses et des costumes qui a attiré les spectateurs. Mais ensuite, c’est l’histoire et ses résonances dans la vie en France qui les a retenus pendant près de 2 heures. Le spectacle traite du problème du mariage arrangé et de la dot dans la société indienne d’aujourd’hui : a priori, cela semble loin des préoccupations d’ici. En fait, à travers la situation indienne, ce sont des questions essentielles qui ont été abordées : le statut de la femme, de la fille, l’égalité des sexes, les relations parents/enfants, l’identité de l’individu face au groupe, face à la communauté. Le décalage entre les deux réalités (indienne et française) facilitait d’autant plus la projection des spectateurs dans l’histoire. Différences... et ressemblances : une des femmes maghrébines venues parler avec les comédiens à l’issue du spectacle a confié « Ca je connais. Cela me rappelle mon père ! ».

Le 21 juin, une deuxième rencontre-spectacle a eu lieu au Collège de la Reynerie.

Plusieurs classes ont assisté à la rencontre, dont le groupe théâtre du collège, qui avait travaillé toute l’année sur un spectacle ayant trait à l’Inde. Cette séance était donc la réalisation d’un rêve : après avoir travaillé sur la culture indienne, rencontrer des artistes indiens en vrai ! Le spectacle a permis d’aborder la question des relations parents-enfants, la responsabilité (que se passe-t-il si je fais une fugue, si je refuse d’épouser le jeune homme que ma famille me destine, si j’affronte mon père, si je vais chercher de l’aide hors de ma famille, si je fais appel aux services sociaux...).

Le 25 juin, une troisième rencontre-spectacle a eu lieu au Centre Social Reynerie.

Cette séance a permis de rassembler des femmes du quartier, de mobiliser des associations et de rassembler des participants aux formations de TF.

Le spectacle s’est poursuivi autour d’une collation et d’un long temps d’échange avec les comédiens indiens. Les participants aux formations de TF les ont assailli de questions sur leur engagement social à travers le Théâtre-Forum, heureux de rencontrer un groupe actif dans ce domaine, et oeuvrant dans un contexte social très difficile.

inter-associatifs a fonctionné : par exemple le centre d’accueil pour les primo-arrivants Sardélis souhaitait faire rencontrer aux familles d’autres associations telles que Mosaïka. Jusqu'à ce jour, ils n’avaient pas trouvé le moyen de rentrer en contact. La séance en a été l’occasion.

Interview des divers publics suite aux spectacles de théâtre forum donnés en France.

Collège de la Reynerie Toulouse des jeunes collégiens.

Un élève: d’origine maghrébine : On a tout compris. Merci d’être venus. Jouer avec les Indiens, c’est super bien.

Pour remplacer on n’avait pas d’idée. On était timides.

C’est possible de faire avancer les problèmes comme ça. Ce serait possible et ce serait extraordinaire.

Une élève : On, peut agir d’un pays à l’autre. Pour faire changer les choses.

Pour la dot, ils sont vraiment obligés de faire comme ça ?

Une élève d’origine africaine : Si la personne s’enfuit avec son fiancé comme ils ont fait dans les remplacements, après, les parents, ils vont vraiment la taper ?

En plus, c’est vrai ce qu’ils ont fait ? Oh la la !

Ecole primaire saint Exupère Toulouse. Interview des enfants.

Une élève : C’était super bien. C’était compréhensible.

Une écolière : C’était super. C’était très joli.

On a beaucoup dansé avec. Et ils sont tous très gentils.

Un écolier : Génial. C’est la première fois que je vois des indiens.

Une écolière : Moi aussi.

Une maman : Lui, mon petit (2 ans) il a fait la grosse fête. Il a dansé, il a sauté avec le chanteur

avec la danseuse.

IMPROVISATION

Une éducatrice : Les enfants ont été très très intéressés même s’il n’y a pas eu de participation très active. On voit bien qu’ils sont très admiratifs, Passionnés par ce genre de spectacle. Dans les conditions ou ça s’est passé et malgré les difficultés qu’on connaît avec nos jeunes, c’était très étonnant. Avec ces danses et cette musique comme support et cette difficulté de la langue étrangère, par le mime et l’intervention du joker à certains moments pour remettre le fil de l’histoire, pour redonner l’intérêt vraiment efficace de cette représentation, ils ont bien suivi. Le but c’est quand même le préservatif, le sida et l’utilisation du préservatif. On ne perd pas ce fil conducteur la.

J’ai trouvé que c’était très attrayant.

C’est faire passer un message grave, sérieux, par le spectacle, le chant, je trouve qu’il n’y a pas meilleure publicité.

A propos des transformations données dans les remplacements

Que peut amener en Inde le théâtre forum ?

Vishnu : Il y a quatre mois on a joué dans un bidonville un spectacle sur la limitation des naissances. Après le spectacle une quarantaine de femmes est venue nous trouver, une par une et nous ont demandé des renseignements sur la contraception.

Dans ce bidon ville chaque femme a au moins une douzaine d’enfants chacune. Elles ne désirent plus avoir d’enfants. La première fois qu’on a joué ce forum dans cet endroit, Quand l’institutrice de l’association est retournée dans sa classe, elle s’est fait insulter par les maris. C’est un effet du théâtre forum.

Il y a beaucoup d’affiches concernant la planification des naissances, des campagnes gouvernementales ou faites par des ONG, mais ça ne donne pas grande chose.

Alok : A propos de la consommation d’alcool. Après un spectacle sur ce thème, les femmes du bidonville ont décidé de former un groupe et ont décidé que si un quelconque mari se saoulait, toutes les femmes du groupe lui tomberaient dessus. C’est une chose qui se pratique maintenant. Il arrive très souvent que les femmes frappent leurs propres maris. C’est très surprenant de voir une femme battre son mari en Inde parce que chez nous le mari c’est comme un Dieu.

Pankach : parfois le problème nous semble tellement insurmontable qu’on pense ne pas pouvoir parvenir à trouver des solutions. Mais on s’est rendu compte qu’ici vous aviez eu par le passé certaines difficultés identiques et que vous êtes parvenu à les dépasser. Ca nous donne du courage.

Une française : quels conseils pouvez-vous nous donner si nous voulons nous en France en tant qu’association créer une troupe de théâtre forum ?

Pankach : Jean-Pierre est là pour vous donner des renseignements

Vishnu : Il y a 5 ans nous ne savions rien du théâtre forum. Puis jean Pierre est venu nous donner des formations et c’est pour cela que nous pouvons être devant vous aujourd’hui. C’est la première fois que nous sommes en dehors de l’Inde.

Lala : j’ai acquis ici beaucoup d’expérience. Comment recevoir l’énergie du public et comment l’utiliser ?

Chavi : J’ai beaucoup appris du débat avec le public.

Adithia : depuis 4 ans que je pratique le T.F je m’exprime beaucoup mieux.

C’est bon pour les autres mais c’est bon pour moi aussi.

Alok : Je réagis beaucoup plus fortement devant les injustices.

Pankach : J’étais très timide avant. Jean-Pierre en sait quelque chose. Maintenant j’ai rompu le silence avec moi-même. J’ai acquis beaucoup de confiance en moi.

Alka : La société indienne nous rend très timide. Quand j’ai la tentation de rester en retrait d’un problème qui me concerne, je me pousse et je me dis que nous agissons pour que les autres dépassent leurs problèmes, alors pourquoi pas le faire pour soi-même ?

Le public en France et ses réactions positives nous donne de l’énergie.

« Il y a chez eux quelque chose de mystérieux

Qui m’appelle à être accueillie »

Quelques réflexions des acteurs indiens sur leur jeu et leur séjour en France

Les indiens sont très surpris de constater que femmes et jeunes enfants interviennent dans les spectacles et donnent de bonnes interventions. Chose qui ne se voit pas en Inde.

Des espoirs d’évolution pour la société indienne :

Sur notre travail avec les assistances indiennes. De cette façon, quand nous expliquerons notre excursion en France et les spectacles, quand nous montrerons des photographies, je pense que ça fera de l'effet sur elles.

Quelques petits bonheurs et quelques larmes :

Une certaine solution, que nous avons trouvée pendant cette excursion, nous n'avons jamais trouvé en Inde.

C'est l'occasion de développer et créer plus de chances au travail en Inde. La crédibilité du groupe de Carvan sera augmentée. Ainsi, nous pouvons trouver plus de travail et du bon travail pour l'équipe en Inde.

 

Suite à ces solutions rencontrées en France, JKSMS a insisté pour la création de groupes de femmes. Ces associations féminines se sont données des buts et des moyens : parvenir à une certaine indépendance financière pour soutenir des désirs d’émancipation. Pour les soutenir, Caravane a apporté une cinquantaine de machines à coudre.